Haut-Rhin: tollé après une demande de recensement des élèves sans-papiers
(AFP) - Un courriel, qualifié de "grosse
bourde" par l'inspection académique (IA) du Haut-Rhin, a été adressé lundi
à quelque 850 directeurs d'écoles élémentaires pour leur demander de recenser
les élèves sans-papiers, suscitant un tollé dans le milieu enseignant.
Le mail demandait
aux directeurs de faire savoir "dans la journée" s'ils avaient des
élèves sans-papiers dans leur établissement. Devant la levée de boucliers,
l'inspection envoyait l'après-midi même un second courrier électronique
stipulant que le premier était une "erreur" et était "sans
objet".
Le ministre de
l'Education nationale Xavier Darcos a regretté la "maladresse" de
l'IA et assuré qu'il n'y avait "évidemment pas de volonté d'identifier les
élèves qui dépendent de familles d'immigrés".
Il a convoqué
jeudi l'inspecteur d'académie afin qu'il s'explique sur ce courriel.
"C'est une
grosse bourde, un grave dysfonctionnement d'un service particulier",
explique-t-on auprès de l'inspection académique, en précisant que la demande
n'émanait "ni de l'inspecteur (d'académie), ni du recteur, ni du préfet,
ni du ministère" de l'Education nationale.
Dans un
communiqué, l'académie de Strasbourg indique que ce courriel a été
"malencontreusement" envoyé par "la division de la vie scolaire
de l'inspection académique" afin de "répondre à une demande
d'information émanant de la
Fédération du conseil des parents d'élèves (FCPE)".
Isabelle Klem,
présidente de la FCPE Haut-Rhin, dément toutefois avoir formulé une telle
demande, indiquant que la FCPE avait "simplement demandé que la question
de la scolarisation des enfants sans-papiers soit abordée au cours d'une
réunion avec le recteur" prévue mercredi.
Elle se dit
"scandalisée qu'un tel mail ait pu partir de l'inspection", rappelant
que la FCPE était "membre du Réseau éducation sans frontières (RESF).
"Les
directeurs ne sont pas des délateurs", s'insurge Amaury Schiffli,
secrétaire du Snuipp 68 et directeur d'école à Fulleren (Haut-Rhin), dénonçant
"une politique générale de chasse aux sans-papiers".
"Dès l'envoi
de ce mail, nous sommes intervenus auprès de l'inspecteur d'académie qui, a
priori, n'était pas au courant", précise-t-il. Il affirme ne croire
"que très peu" à la thèse de la "bourde".
"On ne peut
que dénoncer cette chasse aux sans-papiers qui se poursuit dans l'optique de
faire du chiffre et de transformer les +instits+ en serviteurs zélés de l'Etat
et en délateurs", renchérit Gilles Hargous, de Sud Education.
Selon lui, cette
pratique s'inscrit "dans la droite ligne de la +base élève+", une
base de données destinée à recueillir diverses informations sur les élèves
--nationalité, date d'arrivée sur le territoire national-- et accessible aux
maires.
"Cela peut se
transformer en fichier pour aller récupérer les enfants et les familles à leur
domicile pour les expulser", avance-t-il.